Les populations du Sahara Occidental et celles de la Palestine partagent un même déni : celui de la reconnaissance, par des Etats tiers, d’une subjectivité politique leur donnant droit à décider de leurs destins par elles-mêmes. Pourtant, la majorité d’Etats membres des Nations Unies reconnait l’Etat de Palestine, lequel s’apparente, sur le terrain, de plus en plus à une chimère (Guignard et Seurat, 2020). De la même manière, la République Arabe Sahraouie Démocratique, bien que ne siégeant pas à l’ONU, est membre fondateur de l’Union Africaine et est reconnue par plusieurs dizaines d’Etats, notamment africains et latino-américains. Le déni de reconnaissance entraîne une dépossession des populations sahraouies et palestiniennes de leurs droits, mais aussi de leur passé, leur présent et de leur avenir (Pappé 2024 ; Lopez Bargados, 2015).
Cette négation de la subjectivité politique correspond, de fait, à une infériorisation fonctionnelle aux projets d’expansion territoriale dont sont porteurs le Royaume du Maroc et l’Etat d’Israél (Gimeno Martin, 2016 ; Gresh, 2023). Leurs projets reposent sur la soumission des populations palestinienne et sahraouie `a un r´egime qui en fait des parias et qui invisibilise toute expression d’autodétermination. Il s’agit du même déni qui se trouve à l’origine des deux moments clés relatifs à ces ” questions ” : l’accord tripartite de Madrid, du 14 novembre 1975, par lequel l’Espagne colonisatrice du Sahara Occidental, cède le territoire au Maroc et à la Mauritanie ; la résolution 181 des Nations Unies qui entérine le partage de la Palestine entre deux Etats indépendants, l’un arabe et l’autre juif. Dans une perspective historique, rappelons que les découpages frontaliers conséquents aux présences française et espagnole dans l’Ouest-saharien et aux accords Sykes-Picot ont suivi la même logique en établissant des limites arbitraires au mépris des systèmes d’organisation et des représentations des populations locales (Trout, 1969 ; Laurens, 1999). Ni dans le premier, ni dans le deuxième cas, ces dernières n’ont été consultées. Les traits communs des deux ” questions ” ne s’arrêtent pas à leur origine ou la contemporanéité du déni de reconnaissance, mais traversent toute l’histoire des deux peuples.
En quoi, donc, la comparaison et le recul historique sur ces deux questions peuvent nous aider à mieux saisir leurs dimensions politiques, juridiques et sociales ? L’objectif de notre proposition est, de fait, de les mettre en exergue, en essayant en même temps de ne pas oublier les différences, à commencer par la structure sociale des deux populations et leur construction identitaire.
Une attention particulière sera portée aux communications s’inscrivant dans l’un ou plusieurs des axes indiqués ci-dessous :
1) La formation des nationalismes : origines, intellectuels, influences politiques, interactions, formations des élites politiques, structurations des mobilisations
2) La nature des phénomènes coloniaux à l’œuvre : déplacements forcés des populations,
annexions de territoires et occupation, éradications des traditions culturelles, aide humanitaire (rôle des ONG, bailleurs de fonds...)
3) Le droit international dans les deux questions : résolutions onusiennes, convention de Genève, résolutions d’organisations régionales (UA, Ligue Arabe, OCI, Internationale Socialiste, etc.)
4) Solidarités et normalisation avec les occupants : le rôle des pays UE, le rôle des EEUU, les résolutions des parlements nationaux, les accords bilatéraux au niveau régional (cf. Israél-EAU ; Israél-Maroc ; Maroc-USA ; Maroc-France, etc.)
5) Les ressources naturelles et leurs enjeux
6) Les diasporas sahraouies et palestiniennes et leurs mobilisations en exil
7) L’art au service des luttes pour l’indépendance : productions artistiques et littéraires
8) La mémoire historique des deux populations : leurs constructions, leurs limites, leur
transmission.
Nous privilégions les communications transversales, à savoir celles qui traiteront d’un même thème concernant les deux questions, dans une perspective éminemment comparatiste.
Les propositions, en français et anglais - 2000 signes max., espaces compris - devront être déposées via le formulaire que vous trouverez ici:
https://framaforms.org/proposition-de-contribution-individuelle-a-un-atelier-du-6e-congres-du-gis-momm-strasbourg-24-27
En remplissant le formulaire, vous trouverez notre panel dans la thématique "Géopolitique et relations internationales". Le délai pour les propositions est le 8 décembre 2024, le résultat des sélections sera communiqué à partir du 18 décembre.