O. Weintritt: Arabische Geschichtsschreibung

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Title
Arabische Geschichtsschreibung in den arabischen Provinzen des Osmanischen Reiches (16.-18. Jahrhundert).


Author(s)
Weintritt, Otfried
Series
Bonner Islamstudien 14
Published
Schenefeld 2008: EB-Verlag Dr. Brandt
Extent
250 S.
Price
€ 24,90
Rezensiert für 'Connections' und H-Soz-Kult von:
Nora Lafi, Zentrum Moderner Orient, Berlin

La publication de cet ouvrage d´Otfried Weintritt vient opportunément compléter la production disponible de cet historien spécialiste de la question de l´écriture de l´histoire dans le monde arabe médiéval et ottoman. On connaissait en effet de lui son étude sur le Kitab al-Ilmam de al-Nuwairi 1, et avait déjà pu apprécier divers essais de prolongation vers l´époque ottomane de ses analyses sur les concepts, les méthodes et les épaisseurs de textualité présents dans la démarche historiographique arabe2. Si depuis plusieurs années l´auteur semble s´être orienté vers de nouveaux thèmes de recherche, notamment la gestion sociale, politique et institutionnelle des crues fluviales dans l´Iraq médiéval, la publication aujourd´hui de ce qui constitue encore le cœur de son parcours de recherche ne peut être que saluée.

La démarche d´analyse historique et textuelle d´Otfried Weintritt au regard du vaste corpus disponible, tant sous forme de manuscrits que d´ouvrages publiés, édités et/ou traduits, dans le domaine de l´écriture historique arabe mérite d´être analysée, car elle constitue un présupposé fort de méthode à la compréhension de l´ensemble des contenus proposés. Elle se place largement dans le sillage des études publiées par Franz Rosenthal dans les années 1960 3 ou Abdul-Karim Rafeq depuis les années 1970, un auteur dont O. Weintritt se réclame volontiers et qu´il cite souvent 4. Pour l´époque médiévale, l´auteur a montré dans ses autres travaux, et le rappelle dans le présent ouvrage de manière opportune, combien le genre historique s´était peu à peu au sein de la production littéraire arabe constitué en catégorie spécifique, avec ses codes, ses systèmes interne et externe de référencement textuel et informatif et tout un ensemble de fonctions sociales, liées non seulement à l´acte d´écriture, mais encore à une vaste sphère de légitimation du pouvoir et de constitution de l´hic et nunc des hiérarchies sociales, symboliques, institutionnelles et politiques au regard du passé interprété, déroulé et ainsi mis en usage.

Pour l´Egypte spécifiquement, l´auteur a abondamment étudié comment la production historiographique sous les mameluk faisait système et contribuait à la constitution d´une sphère culturelle et politique centripète à partir du Caire dont les échos, d'ailleurs repris et réinterprétés en divers lieux et diverses périodes, participaient de la construction de la légitimité des différentes couches de pouvoir et de symbole. La narration historique était ainsi un des éléments constitutifs des multiples strates du discours général de légitimation de l´ordre présent. Si O. Weintritt a toujours présenté ses recherches sous le jour d´une réflexion émanant du texte et s´orientant vers la compréhension de celui-ci par l´analyse des données internes à celui-ci, telle était cependant bien la dimension de départ: l'explicitation d'une fonction sociale de l'écriture historique au Moyen-Age, que le chamboulement de l'ordre géopolitique, symbolique et de légitimation historique et généalogique avec l'ascension ottomane et la construction impériale vient remettre en question.

La question se pose donc de savoir comment ce complexe héritage est réinterprété avec le passage à l´époque ottomane et surtout comment la démarche d'écriture participe du processus de réajustement des valeurs symboliques, de réinvention des lignées de légitimité et de redéfinition des rapports tant à la sphère religieuse qu'à celle du positionnement dans le temps et dans l'espace. Pour O. Weintritt, cette transition politique, qui recouvre également une vaste modification des lieux du pouvoir et de la culture, a d´abord pour conséquence un certain tarissement de la veine historiographique telle que manifestée sous le pouvoir mameluk. Non que l´inspiration ou la nécessité d´écrire, des notions dont de toute façon l´auteur se défie à juste titre, soient passées, mais plutôt que la place de l´écriture de l´histoire dans le système de légitimation politique et de pouvoir soit en de nombreux points profondément modifiée sans qu'immédiatement ne se rende manifeste une vie ottomane. Celle-ci sera plutôt le résultat d'un lent processus, dont la mise à jour constitue en quelque sorte le filigrane de l'étude. Pourtant, O. Weintritt se refuse à emprunter de manière directe et frontale la voie de l´analyse contextuelle et fonctionnelle de la valeur et du contenu des textes d´écriture historique qu´il étudie. Pour lui, d´une part les textes disponibles ne constituent en rien un bloc, et les lire uniquement dans le but d´en tirer des enseignements sur la dimension sociale, politique, institutionnelle ou même historique serait une erreur, de même que de construire un processus linéaire de déploiement textuel de l'ottomanité historicisée. L´avertissement est certes salutaire pour éviter les dérives d´une écriture de l´histoire en notre temps qui ne saurait pas considérer pour ce qu'elles sont dans leur singularité et leur complexité les traces d´écriture de l´histoire émanant du passé et d´une société au fonctionnement propre. Mais l´avertissement a chez O. Weintritt parfois l´étendue d´une prévention qui peut s´avérer frustrante. La plus pertinente des démarches philologiques se doit aussi d´éviter le piège d'une trop grande rigidité méthodologique. L´ouvrage n´en demeure pas moins très intéressant, et riche de multiples pistes de réflexion, notamment sur les diverses inflexions et déclinaisons du concept d'histoire tel qu´illustré dans le corpus étudié.

Dans son introduction, O. Weintritt évoque également le passionnant débat en cours depuis plusieurs décennies sur la nature des chroniques et oeuvres historiques en contexte arabe ou ottoman. S'appuyant de manière convaincante sur les travaux de Peter Holt, Jack Crabbs, Daniel Crecelius, A.R. 'Abd al-Rahim, André Raymond, Christine Woodhead ou Jane Hathaway, il rappelle ainsi que la production historique a été souvent classée en deux catégories principales: celle de l'écriture historique dans un contexte de pouvoir, dynastique notamment, et celle d'une écriture historique longtemps considérée comme de loisir, par des personnages ne recouvrant pas forcément de fonction au sein de l'appareil étatique. O. Weintritt rejette à juste titre cette catégorisation simpliste (p.23-24), même si on verra qu'il ne va pas jusqu'à proposer vraiment une explication alternative. Sans remettre en question la première catégorie de l'histoire officielle, il fait part de sa très nette sensation d'une inadéquation de la seconde catégorie avec les pratiques de l'époque. Il invite donc le lecteur à discuter les catégorisations mêmes telles qu'héritées des débats passés, et à explorer de nouvelles pistes d'analyse textuelle. C'est de cette volonté que découle le choix de l'organisation logique de la démonstration qu'il entend poursuivre dans l'ouvrage.

Mais à ses questions fascinantes, l'auteur répond dans les chapitres suivants selon un plan qui ne facilite pas toujours l'explicitation des points principaux du débat. Ceux-ci concernent ainsi la nature de l'acte d'écriture historique et de chronique dans le contexte médiéval puis ottoman arabe, avec en arrière plan des questions sur le système de pouvoir et de légitimation textuelle et mémorielle de celui-ci. Or O. Weintritt choisit une voie sans doute par trop emprunte strictement d'analyse textuelle autour de la notion par lui forgée de systématique historiographique, en réaction certes aux impasses de la taxinomie typologique, mais sans doute également en décalage avec les questionnements principaux. Il se concentre aussi largement sur les aspects liés à l'écriture biographique. Cela n'empêche pas l'auteur d'apporter des éléments importants à la connaissance, à l'interprétation et au débat.

Le troisième chapitre (après ceux consacrés à l'exposé des motifs et à l'état de la recherche), est ainsi consacré à un déroulement illustré du concept de systématique historiographique (p.28). Explicité par d'habiles schémas spatio-temporels, et par le classement des oeuvres entre grande forme (histoire universelle), forme moyenne (histoire de l'Islam), petite forme (chronique de type « sultan-pacha »), selon que l'on considère l'histoire depuis la Création, depuis la fondation de l'Islam ou depuis la présente dynastie (avec des croisements spatiaux selon les lieux concernés), le concept, qui reprend des propositions des historiens des récentes décennies, permet d'échapper aux pesanteurs des classements en vigueur auparavant. Le mérite d'O. Weintritt est de dérouler également ce concept pour le cas ottoman au cours des différentes phases de l'histoire impériale.

Pour la période ottomane, O. Weintritt voit ainsi dans l´œuvre d’Ibn Abî s-Surûr al-Bakrî 5 au milieu du XVIIe siècle l´exemple d´un recadrage de l´écriture de l´histoire en contexte égyptien sur ce qu´il appelle une dimension localisée de l´historiographie impériale. Il utilise d´ailleurs l´œuvre de cet historien pour fonder la trame de son livre, avec celle d’Ibn Iyâs (XVIe s.) 6, Muhammad al-Minhâgî (XVIe s.) 7, Mar´îb Yûsuf al-Karmî (deb. XVIIe s.) 8, Ahmad al-Bagdâdî (XVIIe s.) 9, Yâsîn al-´Umarî (fin XVIIIe-début XIXe s.) 10, Ahmad Shalabî b. ´Abd al-Ganî (fin XVIIIe s.) 11, et al-Garrâhî (XVIIIe s.) [12]. O. Weintritt exploite ainsi au mieux les formidables ressources des bibliothèques allemandes et autrichiennes. La Staatsbibliothek de Berlin a à juste titre constitué le cœur de sa recherche. Une attention, qui aurait pu être plus soutenue pour la fin de la période, est également dédiée à al-Jabarti 13. Au-delà de l´analyse de l´œuvre de ces auteurs, les références sont nombreuses soit aux antécédents médiévaux soit à d´autres historiens contemporains. Le livre est construit autour d'un plan qui déploie l'analyse de ces oeuvres à plusieurs niveaux. Après un chapitre sur les différences entre les trois formes, le chapitre 4, véritable coeur du livre, vient détailler chacune de ces formes (p.50-154). L'apport est tout autant dans la dimension d'érudition sur chacun des auteurs étudiés que dans celle de classification. Le chapitre 5 est consacré à l'évolution du concept d'histoire, et le chapitre 6 à celle de l'éthique du pouvoir. Des textes, O. Weintritt est en mesure de faire ressortir les inflexions successives de la notion de suzeraineté ou de légitimité. De grand intérêt sont ainsi les pages sur le traitement textuel des règne des Sultans Salim Ier (1512-1520) et Murad III (1574-1595) (p.219 et suivantes) et des différents gouverneurs ottomans dans les provinces arabes, de Mahmud Pacha à Garkas Ahmad Pacha (pour ceux décrits négativement) et d’Ibrahim Pacha à Iskandar Pacha (pour ceux bénéficiant d'un traitement historiographique élogieux (p.223). Un dernier chapitre fait office de conclusion et vient faire la somme des résultats obtenus dans l'étude, de la systématique historiographique à la sémantique historiographique, des indications nouvelles sur les ressorts du style biographique à la manifestation textuelle d'une éthique du pouvoir ou du rôle des stéréotypes descriptifs et analytiques à l'articulation des dimensions temporelle et spatiale. Autant de résultant dont O. Weintritt peut à juste titre se prévaloir et pour lesquels son étude apporte assurément d'importants éléments aux débats en cours.

Pourtant des questions cruciales demeurent sur la nature des textes historiques arabes, tant de l'époque médiévale que de la période ottomane que l'auteur aurait eu les moyens documentaires et analytiques d'aborder. La question principale, par delà les aspects de taxinomie textuelle, concerne la fonction sociale de l'écriture historique. Si on a rapidement reconnu celle-ci pour l'histoire dynastique, pour les histoires de l'Islam ou universelle et peu à peu raffiné les éléments de l'analyse de cette dimension, entre inscription du présent du pouvoir dans le temps long, entre mobilisation sélective des éléments de mémoire et perpétuation des éléments de savoir relatifs aux hiérarchies sociales, familiales et dynastiques (avec tous les éléments de réinterprétation constante, entre palimpseste, copie et sélection ou addition), on peine encore, y compris après le travail d'O. Weintritt, à interpréter l'écriture de l'histoire sous le jour de l'ottomanité et de la réflexion sur la nature de l'Empire. Il est aussi une quatrième forme, (la forme micro?) que O. Weintritt n'a pas vraiment pris en considération et qui pourtant peut aider à saisir la nature de la localité ottomane ou de l'ottomanité locale. C'est l'histoire écrite sous forme de chronique du quotidien hors de la sphère culturelle, politique et administrative du Palais et le plus souvent dans celle de la vie urbaine. Manquent ainsi au corpus choisi les chroniques citadines, qui dans une épaisseur textuelle et parfois linguistique et littéraire différente participent à la constitution de l'historicité ottomane arabe. De nombreux éléments invitent pourtant à interpréter les chroniques dans leur contexte: celui d'une vie civique urbaine trouvant là un élément important de son rapport au passé, à l'Empire, à la mémoire des événements formant le rapport aux pouvoirs externes ou légitimant les hiérarchies et césures sociales, factionnelles et familiales internes.

Elles apparaissent ainsi comme les éléments constitutifs d'une sphère civique citadine, et même comme chroniques civiques citadines dans lesquelles un personnage, émanant du monde de l'élite civique marchande, corporative ou nobiliaire urbaine transcrit les données faisant sens dans cette société: événements, règles et transgressions, prix et ordonnancements, conflits et médiations, traumatismes et fêtes collectives, négociations avec le pouvoir central, privilèges, petites et grandes trahisons, éléments biographiques relatifs aux caractères de notabilité, à la propriété, à la morale, à l'évergétisme, au travail et au commerce et donc à l'accès à la sphère civique citadine. Les chroniques sont ainsi annales civiques urbaines, de même que les grandes histoires sont annales du pouvoir. Leur analyse devrait ainsi être insérée dans celle de l'écriture de l'histoire et des fonctions sociales relatives à cet acte, afin de ne pas avoir de la société ottomane un aspect univoque. Le travail d'O. Weintritt, bien que livrant de nombreuses pistes de complexification des lectures naïves encore parfois en vigueur, ne permet encore, à cause peut-être de sa fascination pour les débats sur les classements, d'avancer dans cette voie pourtant cruciale pour saisir la nature complexe de l'acte d'écriture en contexte arabe. Quitte à classer, on aurait pu peut-être ajouter cette catégorie de la chronique urbaine, non hobby de lettré mais devoir civique de notable (ce qui n'empêche pas dans ce style les excursus poétiques).

Un dernier regret: que l'auteur ait ignoré le Maghreb ottoman, pourtant si riche en textes historiques et ayant au Moyen-Age, mais ensuite toujours à l’époque ottomane apporté tant à la constitution de la sphère culturelle d'écriture de l'histoire en arabe. Pour qui s'intéresse à la dimension transnationale des phénomènes historiques et de l'écriture de l'histoire, ce choix est, par bien des aspects, réducteur. Une attention à l’Afrique du Nord ottomane aurait ainsi permis d'analyser la construction rhétorique de l'historicité des dynasties locales et son articulation à celle de l'appartenance impériale. Il reste néanmoins au total un ouvrage de grande érudition, salutaire et efficace dans son ambition de refonder les bases de l'analyse textuelle des productions de type historique, qui assurément sera d'une grande utilité à qui entend saisir la complexité d'un genre historique aux vastes enjeux.

Notes:
1 Otfried Weintritt, Formen spätmittelalterlicher islamischer Geschichtsdarstellung: Untersuchungen zu an-Nuwairi al-Iskandaranis Kitab al-Ilmam und verwandten zeitgenössischen Texten (= Beiruter Texte und Studien, Band 45, Beyrouth 1992. Sur al-Nuwairi, voir aussi: Jo Van Steenbergen, “The Alexandrian Crusade (1365) and the Mamluk Sources : reassessment of the Kitab al-Ilmam of an-Nuwayri al-'Iskandarani (d. 1372 AD)", in: K. Ciggaar, H.G.B. Teule (dir.), East and West in the Crusader States. Context - Contacts - Confrontations, Louvain 2003, p. 123-137. L’aspect urbain des oeuvres d’al-Nuwairi mériterait par ailleurs d’être réévalué, en tant que chronique urbaine d’Alexandrie.
2 Par exemple : Otfried Weintritt, „Concepts of History as Reflected in Arabic Historiographical Writing in Ottoman Syria and Egypt (1517-1700)“, in Th. Philipp, U. Haarmann (dir.), The Mamluks in Egyptian Politics and Society, Cambridge University Press 1998, p.188-195 ou „Ta´rih `Abd al-Qadir: Autobiography as Historiography in an early 17th century chronicle from Syria“, in: Die Mamluken, Studien zu ihrer Geschichte und Kultur. Zum Gedenken an Ulrich Haarmann (1942-1999), Asien und Afrika, Band 7, 2003, p. 387-401.
3 Franz Rosenthal, A History of Muslim Historiography, Leyden 1968.
4 Par exemple: Abdul-Karim Rafeq, „Ibn Abi al Surûr and his work“, in: Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 1975, 38-1, p.24-31.
5 O. Weintritt a surtout travaillé sur les manuscrits des bibliothèques de Vienne, Munich, Berlin et Oxford.
6 De cet auteur, le lecteur non-arabisant pourra avec grand profit lire, outre évidemment Gaston Wiet,, Journal d’un Bourgeois du Caire, Paris, 1955, la récente traduction de W. H. Salmon, An account of the Ottoman Conquest of Egypt, Londres, Routledge, Royal Asiatic Society Classics of Islam, 2, 2007, 133p.
7 L’auteur utilise le manuscrit 9828 de la Staatsbibliothek de Berlin.
8 Manuscrit de Munich.
9 Manuscrit de Berlin (9477). Ce texte mérite par ailleurs une lecture sous l’angle de l’explicitation des notabilités urbaines.
10 Manuscrit de Berlin (III E 18b/95). Même attention aux notabilités.
11 Edition du Caire, 1978.
11 Manuscrit de Berlin (9433)
13 Sur cet auteur, voir les travaux de Jane Hathaway (2009), et la très belle traduction de Thomas Philipp et Moshe Perlmann, `Abd al-Rahman al-Jabarti's history of Egypt, 4 Vol., Stuttgart 1994. Sur al-Jabarti chroniqueur de la notabilité (un aspect délaissé par Weintritt): Lars Bjorneboe, In Search of the True Political Position of the 'ulama. An Analysis of the Aims and Perspectives of the Chronicles of 'Abd Al-Rahman Al-Jabarti 1753-1825, Damas 2006.

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01.07.2009
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