Les relations scientifiques franco-allemandes à l’Épreuve du terrain nord-africain

Les relations scientifiques franco-allemandes à l’Épreuve du terrain nord-africain

Veranstalter
Colloque international coordonné par Ahcène Abdelfettah (Université d’Alger), Daniel Nordman (CNRS/EHESS-CHSIM), Michael Werner (EHESS-CRIA)
Veranstaltungsort
Institut Historique Allemand, Ecoles des hautes études en sciences sociales
Ort
Paris
Land
France
Vom - Bis
30.09.2004 - 02.10.2004
Website
Von
Falk Bretschneider

Avec le soutien du CIERA, du CNRS, de l’IISMM,
du Ministère des Affaires étrangères et du Ministère de l’Education nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Vieux rêve européen, la prise d’Alger en 1830 promet, en même temps que des occasions d’expansion vers de nouveaux territoires, de livrer à l’exploration et à la science du vieux continent, de nouveaux terrains, au double sens du terme. Perçue comme le triomphe des Lumières sur l’obscurantisme, elle suscite tout d’abord un élan de sympathie à l’échelle continentale. Les Allemands, en particulier, sont alors fortement intéressés par cette nouvelle conquête, en tant que déversoir potentiel pour leur excédent démographique, et en tant que théâtre où ils pourraient affirmer et renforcer les pôles d’excellence scientifique (philologie, épigraphie, archéologie, ethnologie, etc.) qu’ils se sont préalablement constitués. Les Français regardent d’abord cet intérêt d’un œil bienveillant. Ils l’entretiennent même, sachant tout le bénéfice qu’ils peuvent en tirer (peuplement pour la colonisation, prestige, etc.). Pendant un temps, missionnaires, voyageurs, savants et même militaires sont donc accueillis, sans grande réserve. Mais au fur et à mesure que se cristallisent les rivalités entre les deux nations, les politiques protectionnistes tendent à limiter l’ouverture aux terrains de recherche que constituent les colonies. Dans le cas de l’Algérie, et bientôt de l’Afrique du Nord dans son ensemble, l’accès va en être de plus en plus âprement disputé aux savants allemands, pourtant reconnus et admirés par leurs pairs français.

Si la dimension politique des relations franco-allemandes en rapport avec la constitution d’empires coloniaux est bien connue, comme l’est aujourd’hui celle des transferts culturels en Europe même, l’histoire de la rencontre entre les traditions scientifiques de ces deux pays sur le terrain algérien puis maghrébin, à un moment crucial de l’histoire des sciences humaines, reste à faire. Pour y parvenir, il est indispensable d’approfondir notre connaissance de la production scientifique allemande sur l’Algérie et sur le Maghreb, qui est loin de se résumer à quelques œuvres marginales.

Afin de contribuer à ce travail de défrichement, nous nous proposons de réunir des spécialistes principalement allemands, français et maghrébins autour des axes suivants :

- Savoirs non constitués, savoirs constitués

Il s’agira de faire un bilan de la connaissance de l’Afrique du Nord dans les pays germanophones, par des acteurs et des institutions ne relevant pas de la sphère académique: récits de voyageurs, de captifs, de diplomates, de religieux, etc., aussi bien avant qu’après l’occupation de l’Algérie, puis des autres pays du Maghreb. On cherchera à identifier les liens entre cette connaissance et la construction de savoirs académiques, les processus de constitution ou d’évolution des disciplines, les supports de transmission et de diffusion de la science, avec pour perspective une meilleure appréhension de ce qui s’opère dans l’interaction entre les dynamiques scientifiques allemande et française.

- Enjeux scientifiques, enjeux politiques

On se demandera si, dans ces relations, les enjeux scientifiques ne se confondent pas forcément avec les enjeux politiques. Peut-on les identifier selon les disciplines, les contextes, les acteurs, les objets ? Quels éclaircissements peut-on attendre d’une histoire politique croisée des disciplines françaises et allemandes qui ont pris pour objet l’Algérie et le Maghreb ?

- Effets du terrain et effets sur le terrain

On cherchera à comprendre l’impact de la transplantation ou de la transposition de relations complexes et multidimensionnelles sur un terrain tiers, le Maghreb. On s’interrogera sur ce que ce terrain induit comme transformations de ces relations et on examinera les effets de retour. On sera donc attentif aux sociétés nord-africaines comme acteurs en puissance et partenaires tiers de ces relations de transferts entre science française et science allemande

À l’attention des auditeurs
Droit d’inscription: 2 euros (pour les trois journées)

Programm

Jeudi 30 septembre 2004

Voyageurs, explorateurs et savants en Afrique du Nord: de la communauté À la rivalité scientifico-politique?

14 h 00 18 h 00

Introduction : Ahcène Abdelfettah, Daniel Nordman, Michael Werner

La connaissance allemande du Maghreb autour de 1830 et ses effets de retour
Présidente de séance: Odile Moreau, Berlin/Paris

Allain Carré Martinez, Université d’Augsbourg
Quid novi ex Africa? Pour une Bibliographie allemande de l’Algérie (1830-1962)

Tilman Hannemann, Université de Brême
L’apport des Barbaresques à l’Unité allemande

Jocelyne Dakhlia, EHESS, Paris
Hebenstreit et le pays de l'intérieur

Français et Allemands en Afrique du Nord au milieu du XIXe siècle: de la complémentarité à la concurrence?
Présidente de séance: Ludmila Hanisch, Berlin/Halle

Ernstpeter Ruhe, Université de Würzburg
La science des militaires allemands en Algérie

Slimane RafikNebia, Université d’Oran
L’Algérie et sa conquête champ d’observation et d’initiation aux méthodes de colonisation pour les Allemands au XIXe siècle

Mounir Fendri Université de Tunis-La Manouba
Savants allemands et missions de recherche allemandes dans la Régence de Tunisie avant et après 1870

L’extension de l’exploration et des rivalités à la Libye et au Maroc: rivalités des nations et émulation scientifique (1880-1918)
Président de séance: Bernard Rosenberger, Montpellier

Federico Cresti, Université de Catane
Explorateurs et savants allemands en Tripolitaine et au Sahara libyen avant la période coloniale au miroir des publications françaises

Mohamed Kenbib, Université Mohammed V-Rabat
Étude comparée de récits de voyageurs allemands et français au Maroc (XIXe-début XXe siècle)

Abderrazzaq Msellek, Université de Fès
Le Maroc de Kreuter: la vision d’un militaire allemand en 1911

Vendredi 1er octobre 2004

La constitution croisée des disciplines sur le terrain maghreébin

9 H 00 12 H 30
Exploration, constitution de la science géographique et enjeux politiques
Président de séance : Sid-Ahmed Souiah, Université de Cergy-Pontoise

Aurélia Dusserre, Université d’Aix-en-Provence
Rohlfs et Lenz, pionniers de l’exploration marocaine

Florence Deprest, Université de Valenciennes
Les relations scientifiques franco-allemandes à l’épreuve du terrain nord-africain dans les Annales de Géographie : éléments de cadrage (1891-1930)

Nassima Bougherara, Université de Grenoble
Les approches scientifiques et les prises de position allemandes face à la guerre d’Algérie

Archéologie et épigraphie: collaborations et rivalités
Président de séance: Alain Schnapp, Université Paris-I, INHA

Nabila Oulebsir, Université de Poitiers
De la querelle Masqueray/Mommsen à la concorde Marçais/Van Berchem

Ève Gran-Aymerich, Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, Paris
Épigraphie française et allemande au Maghreb: entre collaboration et rivalité (1830-1914)

Anne Ruel-Drossos, Institut Universitaire Européen de Florence
De Rome à Alger, l’archéologie française et allemande en Méditerranée

Déjeuner libre

14 h 30 18 h 00
Les langues: enjeux instrumentaux et culturels
Président de séance: Hamit Bozarslan, EHESS-Paris

Alain Messaoudi, EHESS-Paris
L’usage de la bibliothèque allemande par les arabisants français sur le terrain maghrébinentre 1870 et 1914

Kamel Naït Zerrad, INALCO-Paris
Les études berbères en Afrique du Nord entre Allemands et Français: enjeux et approche comparée de la constitution des savoirs

Ahcène Abdelfettah, Université d’Alger
La langue allemande en Algérie, histoire d’une discipline

Les transferts de savoirs en ethnologie et en anthropologie
Présidente de séance: Emmanuelle Sibeud, Université de Paris-VIII

Claude Lefébure, CNRS-Paris
Les études berbères et la science allemande: autour du cas Frobenius

Annie Devergnas
Hans Stumme au Maroc

Volker Hinnenkamp, Fachhochschule Fulda, University of Applied Sciences
Les Allemands et le processus d’ethnicisation dans l’Afrique du Nord française

Regina Keil, Université d’Heidelberg
Ernst Haeckel: un zoologue allemand à Mogador

Samedi 2 octobre 2004

du savoir malgré tout

9 h 00 12 h 30

Le Maroc, terrain conflictuel et objet de savoir
Président de séance: Mohammed Kenbib, Université Mohammed V-Rabat

Francesco Correale, MMSH-Aix-en-Provence
Les Français et l’Allemagne au Maroc,ou la nécessité de l’ennemi (fin XIXe siècle- 1914)

Dietrich Rauchenberger, Hambourg
Les pieds roses du Khalifa. Le Maroc précolonial vu par des femmes de langue allemande

Bettina Dennerlein, Zentrum Moderner Orient, Berlin
Entre aventure, science et politique. Découvertes et redécouvertes allemandes du Maroc (2e moitié du XIXe siècle)

Filtres ou transmissions de savoirs?
Président de séance: François Pouillon, EHESS-Paris

Ludmila Hanisch, Berlin/Halle
Itinéraires, filtres et obstacles de la recherche orientaliste sur l’Afrique du Nord à partir du milieu du XIXe siècle

Nedjma Abdelfettah-Lalmi, Université Paris VIII/Centre culturel français d’Alger
Mohand Tazerout, l'impossible troisième voix

Doris Fetscher, Université d’Augsbourg
Le Maghreb dans l’oeuvre de Karl May: reportage et reconstruction

Conclusions: Ahcène Abdelfettah, Daniel Nordman, Michael Werner

Kontakt

Camilla ABERG
et
Alain MESSAOUDI (alain.messaoudi@ehess.fr)
CHSIM/ EHESS
96 bd Raspail
75006 Paris


Redaktion
Veröffentlicht am
21.09.2004